« Six cents personnes soutiennent le projet aujourd’hui. Nous avons réuni 20.000 €, il nous manque 110.000 €, mais nous avons acheté l’acier et avons de la trésorerie pour lancer la réalisation de la sculpture », indique Max Relouzat, le président de Mémoires des esclavages.
« Des tôles ont déjà été roulées, façonnées en fonction des plans de la sculpture. Je vais commencer le travail, car il faut la montrer cette sculpture », confirme, de son côté, l’artiste Marc Morvan.
« Peut-être sera-t-elle dévoilée en partie, un masque par exemple, au Mondial Folk de Plozévet. Pierrot Bosser est intéressé. Nous avons rendez-vous avec lui le 20 mai », annoncent-ils.
La création va donc débuter avant même que le site d’implantation du monument en acier de 10 m de haut ne soit trouvé. Car de ce côté-ci, le défi reste de taille. Un temps pressentie, Plozévet ne semble plus disposée à accueillir la sculpture « en l’état ». « Dix mètres de haut, ça pose la question de l’acceptabilité par le milieu, ça rend les choses compliquées sur le plan juridique, de l’urbanisme, du respect de la loi Littoral. Max Relouzat et Marc Morvan me disent que la taille est un élément non négociable (ndlr : ils confirment). Ça va être difficile en l’état », signifie le maire de la commune, Pierre Plouzennec. « La réunion publique de fin avril a été peu suivie. Le projet est assez controversé sur la forme, pas sur le fond même si j’entends quelques oppositions. Mais là, c’est plus une affaire de pédagogie », poursuit l’élu.
« Je verrais Mémoires comme une continuité contemporaine au Menhir des droits de l’Homme, qui mesure environ 5 m (près de la plage de Canté). La sculpture n’aura de sens qu’en milieu naturel, elle doit regarder l’océan », répond Pierre Plouzennec. Dans l’immédiat, Max Relouzat assistera, cet après-midi, à la soutenance d’un projet tutoré consacré à « Mémoires » par quatre étudiants en technique de commercialisation à l’IUT de Quimper. François, Clément, Antoine et Cédric y ont sensibilisé une soixantaine d’entreprises. « Nous avons tenté de les convaincre qu’au-delà de l’aspect économique, le soutien au projet pouvait leur apporter un plus sur le plan de la communication. Nous avons perçu un intérêt, après c’est une question de budget », ont-ils commenté lundi. Les étudiants ont remis deux chèques d’entreprises à l’association et rapporté « quelques promesses ».
« 17 millions d’enfants »
« En tout cas, nous avons beaucoup appris, notamment sur l’esclavage », ont-ils confié. « La pédagogie, c’est tout le sens de Mémoires. Nous ne faisons pas une sculpture pour faire une sculpture mais bien pour apprendre, transmettre, indiquer que la lutte contre les esclavages qui touchent 17 millions d’enfants, 28 millions de gens dans le monde », leur a rappelé le président de l’association.
« Et bientôt, ce sera à vous, les jeunes, de prendre le relais de la mémoire, d’animer des activités éducatives et culturelles autour de la sculpture que gérera notre association », leur a intimé Max Relouzat.
En attendant, ce dernier semble fonder pas mal d’espoir dans « un rendez-vous prévu le 13 mai avec Pierre Maille, le président du conseil général du Finistère ».
Bruno Salaün, Télégramme